«JE VOULAIS DéCOUVRIR LE MONDE» : POUR MILA, L’AVENTURE SE VIT SUR LA ROUTE, AVEC BéBé ET CHIEN

Se prélasser sur la plage et ne rien faire de la journée ? Très peu pour Mila Colas, 38 ans, auteure et blogueuse. Elle préfère le vent qui fouette le visage, les routes qui se déroulent à perte de vue et ce sentiment grisant d’avancer à son rythme. Pour elle, le vélo représente plus qu’un moyen de transport, c’est un passeport vers la liberté. Oubliez les bouchons, les horaires et le stress. Sur quelques kilomètres ou à travers tout un pays, le biclou trace la route d’un tourisme plus libre.

«Je voulais découvrir le monde, prendre le temps de m’arrêter, plutôt que de consommer les lieux touristiques», s’enthousiasme la Bretonne. Un choix porté par l’envie de simplicité et d’un mode de voyage plus respectueux de l’environnement. Plus jeune, elle adorait déjà pédaler avec un VAE (vélo à assistance électrique). Aujourd’hui, elle considère le deux-roues comme un luxe rare, qu’elle chérit à chaque détour, de la Wallonie aux pistes danoises, en passant par les villages allemands. «À vélo on savoure chaque instant», assure-t-elle. À chaque mouvement de roue, une nouvelle aventure prend vie. 

Une traversée de l’Europe et au-delà 

Partir en voilier, sac à dos ou sur la selle d’un vélo ? Mila et son compagnon hésitent. Leur soif d’évasion les pousse à envisager un tour du monde. Le projet est lancé, mais le mode d’évasion reste à définir. La bicyclette finit par s’imposer, évident par sa lenteur et sa liberté totale. En 2017, la Finistérienne quitte Brest. Pour l’occasion, elle s’offre un biclou, en partie payé grâce à la générosité de ses amis. C’est le début d’un périple de sept mois qui les mène de la Suisse à l’Allemagne, puis jusqu’à la mer Noire. En chemin, ils découvrent par hasard la véloroute du Danube, une piste cyclable emblématique. «Les paysages étaient magiques, montagneux et sauvages». Un bon entraînement : le terrain plutôt plat leur a permis de se «faire les jambes» avant la suite de leurs prochains voyages.  

Après plusieurs épopées, une nouvelle virée s’ouvre devant eux. En 2019, ils attaquent l’EuroVelo 3, un réseau de pistes cyclables long de 5122 km reliant la Norvège à l’Espagne. Cinq mois, sept pays, et mille découvertes. Dans les pays nordiques, le climat capricieux impose une bonne protection contre l’humidité. «S’éloigner du tourisme de masse, c’est ce que la Norvège à vélo promet». Leur quotidien à deux sur les routes oscille entre 600 et 700 euros par mois tout compris. Et chaque pays leur réserve son lot de surprises !

Un enfant, un chien, un deux-roues 

En Grèce, par exemple, Mila et son compagnon rencontrent un chiot de trois mois et c’est le coup de foudre. Impossible de le laisser derrière eux. Ils baptisent leur nouveau partenaire Ringo. Ils improvisent une boîte pour le transporter. Entre les visas, les vaccins et les délais d’attente – «attendre trois mois» – la logistique devient vite un frein. Un virage dans le voyage… et dans le budget. «Nous l’avons adopté parce que le vétérinaire nous a dit qu’il pèserait maximum 30 kg», glisse-t-elle amusée, car aujourd’hui ce chien de berger en fait 45. Ils passeront quatre mois en Grèce. Dans certains pays, à l’image de la Turquie, les réticences des locaux rendent l’accès aux hébergements plus difficile. «C’était infernal et compliqué de rentrer dans un hôtel», assure la jeune femme. «Il y avait des personnes qui changeaient de trottoir quand ils voyaient notre chien». «Aujourd’hui on ne pourrait plus voyager avec Ringo», lance-t-elle. 

D’autant que la famille s’agrandit avec l’arrivée d’une petite fille en juillet 2023. Après neuf mois d’attente, ils prennent la route avec leur bébé. Le couple s’élance de la vallée du Lot aux îles Féroé, avant de filer vers le Pays basque. Un mois de voyage, un tapis de pique-nique et une tente pour trois, et déjà leur fille s’adapte parfaitement au périple, montrant des signes d’une globe-trotteuse. «Elle a vu beaucoup de monde, ça l’a éveillée». Les journées s’organisent autour de siestes, de pauses et d’imprévus. Et même lorsque la petite troupe s’enlise sur un chemin sans assistance électrique, leur enfant reste imperturbable. «Les secousses l’ont endormie, cela l’a bercée, et elle m’a fait la plus grande sieste du voyage», s’exclame-t-elle en riant.

Partout où elle passe, elle ressent que ce mode transport tisse un lien direct, sans filtre, comme une invitation à la rencontre. Les échanges naissent sans effort, et le rythme lent du voyage permet de se connecter aux paysages. «Les gens ont moins peur des cyclistes que des automobilistes», conclut-elle, convaincue qu’il a ce pouvoir de rapprocher les inconnus.

En vidéo - Gare du Nord : une «halle» à vélos à 5 millions d’euros. 

2025-06-01T07:47:37Z