« PRENDRE DE LA HAUTEUR PERMET D’éMOUVOIR »… BéNéVOLES, ILS GUIDENT LES VISITEURS SUR LES TOITS DE FOURVIèRE à LYON

Les hauteurs de nos villes fourmillent de vie et d’activité, parfois surprenantes. A Lyon, les guides de la basilique de Fourvière proposent des « visites insolites » menant les touristes sur les toits de l’édifice, au plus haut sommet de la ville

VUE d’EN HAUT 3/7 - Les hauteurs de nos villes fourmillent de vie et d’activité, parfois surprenantes. A Lyon, les guides de la basilique de Fourvière proposent des « visites insolites » menant les touristes sur les toits de l’édifice, au plus haut sommet de la ville

De la lassitude ? « Non, jamais », répond-elle, écarquillant les yeux d’un air amusé. Trois fois par semaine en moyenne, Muriel Galinetti, 64 ans, grimpe sur les toits de la basilique de Fourvière à Lyon, emmenant des dizaines de curieux, subitement sonnés d’avoir la cité à leurs pieds. « Il y a peu d’endroits où l’on peut dominer la ville en tout point de vue », abonde Jean-Louis Coquet, 69 ans, le regard rivé sur le panorama. Le spectacle est, à vrai dire, grandiose. Epoustouflant. Située 318 mètres en contrebas, la capitale des Gaules s’étend, révélant toute sa beauté et ses détails insoupçonnés. Autour, une vue à 360 degrés, avec parfois les Alpes à l’horizon quand le ciel est suffisamment dégagé.

Désormais retraités, Muriel et Jean-Louis sont bénévoles à la Fondation Fourvière, pour laquelle ils endossent le rôle de guide chaque semaine. Avec toujours la même passion. « L’envie de transmettre l’enthousiasme », résument-ils.

« L’émerveillement va crescendo »

Avant de parvenir au sommet, les visiteurs doivent emprunter 345 marches, faisant au passage la connaissance de « Pétronille », « Zoé », « Caroline » ou encore « Thérèse », les 23 cloches du grand carillon. Chaque escale se savoure, que ce soit dans la galerie des anges, lors de la découverte de passages secrets ou sous la charpente de l’édifice.

« L’émerveillement va crescendo », raconte malicieusement Muriel qui ne se départit pas de son petit rituel au moment venu. « A chaque fois que j’ouvre la porte donnant accès aux toits, je guette la réaction des gens, raconte-t-elle. C’est un bonheur de voir ce qu’il se passe sur leur visage. Il y a un effet waouh qui est magique. » « Même ceux qui s’y attendaient, ne sont finalement pas préparés à une telle surprise. C’est immanquable », rigole Jean-Louis.

« Les visites insolites, c’est le must au niveau de l’émotion et sur le plan esthétique », poursuit Muriel qui ne se lasse pas du spectacle offert. « On ne voit jamais la même chose. Chaque fois, les lumières sont différentes, les détails sont différents. Le ciel n’est jamais le même, la couleur de la Saône, non plus, décrit-elle en pointant du doigt le fleuve. La semaine dernière, elle était d’un vert émeraude, par exemple. » La sémillante guide « pourrait rester des heures à contempler le paysage ». Ce qu’elle préfère, ce sont les soirs d’été, lorsque « toutes les fenêtres allumées se reflètent sur l’eau » : « Cela forme plein de petits rectangles qui scintillent ».

« Prendre la hauteur permet d’émouvoir »

Au sommet, les rafales de vent redoublent. L’impression de quiétude est, pourtant, grandissante. « La spiritualité, quelque que soit la définition qu’on lui donne, est favorisée par le prisme religieux », explique Jean-Louis alors que l’on vient de gravir les dernières marches menant à la tour située au nord-ouest. La cerise sur le gâteau. Quelques mètres en dessous, l’archange Saint-Michel trône sur le dôme principal de la basilique. Revêtu de son armure de guerre, il veille sur la ville. Tout comme la statue dorée de la Vierge Marie, reléguée sur le côté de la basilique.

« Prendre la hauteur permet d’émouvoir. Certains visiteurs sont touchés, on décèle parfois des larmes dans leurs yeux. Ce n’est pas la même chose quand on a les pieds au ras du sol, analyse Muriel. Il n’y a vraiment qu’en hauteur qu’on peut s’émerveiller de la sorte. »

Le plus dur reste à faire : « arracher » les touristes à leur contemplation, briser la plénitude. Car il est bientôt l’heure du « retour sur terre ». « Ah ! Quand il fait beau, c’est parfois coton de les faire descendre. Ils n’ont pas envie du tout », conclut en riant la bénévole. A vrai dire, on le comprend tellement…

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