Organiser son séjour en Corse sur une plateforme de réservation gérée directement par les acteurs de l’île ? Les professionnels du secteur en rêvent et sont en passe de le réaliser. L’idée est simple : elle offre la possibilité de réserver son vol ou son bateau, son hébergement, son restaurant, ses visites ou encore ses activités sur un seul et même site Internet, permettant d’organiser l’intégralité de son voyage en choisissant différentes structures et en les ajoutant à son panier. Le tout en affinant et en maîtrisant son budget.
Cette plateforme inclut les agences de voyages et les tour-opérateurs de l’île : le client aura le choix entre réserver un séjour clefs en main ou créer un voyage personnalisé. Les acteurs du tourisme corse espèrent ainsi pouvoir reverser les commissions aux acteurs locaux. L’idée est également de proposer des prix compétitifs pour les visiteurs. Une manière de contrer la place importante prise par Airbnb en Corse. La commission reversée aux compagnies maritimes et aériennes pourra aussi permettre de proposer des tarifs plus avantageux sur le transport. Un argument pour attirer les compagnies.
«Cette plateforme nous aidera à proposer des prix justes pour les mois plus difficiles d’avant et d’après saison, qui ont été très mauvais en termes de fréquentation cette année» , constate Karina Goffi, présidente régionale de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) et présidente de la Commission tourisme de la CCI (chambre de commerce et d’industrie de Corse).
Il aura fallu deux réunions de concertation sur les transports externes entre l’ensemble des compagnies aérienne et maritime de l’île, les institutions et les professionnels pour que l’idée d’une plateforme de réservation prenne de l’ampleur. «Booking restera la vitrine et on ne pourra jamais le concurrencer, ajoute Karina Goffi. Mais il est temps de monter un système identitaire qui inclurait tous les services marchands de notre destination pour pouvoir réserver un package.»
Si la démarche n’est pas nouvelle, elle a le mérite de fédérer alors que l’économie touristique est en berne dans l’île. «Les touristes iront à la rencontre du terroir, affirme Sauveur Grisoni, président du Syndicat des activités de pleine nature. Si on ne fait pas ça, notre destination va se perdre. Les gens cherchent une identité, un respect du patrimoine et de la nature. Les professionnels présents sur la plateforme proposeront tout cela. »
L’initiative est soutenue par la collectivité de Corse, la chambre de commerce et d’industrie mais aussi les principales institutions de l’île. Reste à trouver son financement. «Nous pourrions être opérationnels pour la saison 2025», espère Karina Goffi. Une première étape a déjà été franchie cet été avec la mise en place d’un outil de réservation global via EasyJet Holidays. Quand les clients réservent leurs vols, ils peuvent choisir des hôtels partenaires. Plusieurs hôtels corses sont référencés sur la plateforme. Ils profitent de la visibilité internationale d’EasyJet pour promouvoir leurs établissements. «Nous devons marcher collectivement, analyse Karina Goffi. Il n’y a pas que le transport qui est cher en Corse. Tout le monde doit se remettre en question.»
Sur le terrain, les professionnels du tourisme attendent du concret avant de se réjouir : «C’est un rêve de longue date, confie Gérard Tapias, président de la Fédération corse de l’hôtellerie de plein air. C’est presque inespéré de pouvoir le mettre en œuvre. Il y a encore du chemin à parcourir parce que c’est un outil très complexe et onéreux. Cette plateforme pourrait engager les transporteurs aériens et maritimes à faire baisser les tarifs.»
Pour favoriser l’étalement de la saison touristique et renforcer les liaisons aériennes à destination de l’île, l’assemblée de Corse vient aussi de voter l’achat de flux aériens. Afin d’inciter les compagnies à transporter davantage de passagers à destination de l’île hors saison, la collectivité de Corse va offrir une rémunération. Bordeaux, Nantes, Strasbourg et Toulouse mais aussi la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, l’Angleterre, et l’Italie ont été identifiés comme des destinations à renforcer. Reste à verrouiller juridiquement le tout.
2024-11-25T07:21:30Z