LA SENSATION DE SE "DéCONNECTER" DANS LA NATURE EST RéELLE, ET C'EST LA SCIENCE QUI LE DIT

Les conclusions d’une étude dirigée par le psychologue Ricardo Correia de l’université de Turku (Finlande), publiées début mars, nous confirment qu’être en contact avec la nature modifie notre perception du temps.

La nature a toujours inspiré les écrivains. "L’air était doux du souffle des vergers de pommiers, et les prairies descendaient au loin dans les brumes d’un horizon pourpre et nacré, tandis que les oiseaux chantaient comme si c’était le seul jour d’été de toute l’année", écrivait la romancière Lucy Maud Montgomery dans Anne de Green Gables.

Il faut dire que vivre à proximité d’un milieu naturel préservé comporte de nombreux bienfaits. Les conclusions d’une étude préliminaire présentée au printemps dernier lors de la 75e réunion annuelle de l’American Academy of Neurology à Boston (Massachusetts), ont mis en lumière le fait qu’habiter près d’un parc ou d’un point d’eau serait bénéfique en matière de santé mentale.

Peut-être avez-vous déjà expérimenté cette douce sensation : alors que vous flânez en forêt ou sur un chemin de campagne, votre esprit s’apaise, et s’installe en vous la sensation de "déconnecter" du monde. Si vous n’avez pas de montre, vous pourriez bien oublier l’heure qu’il est... Cette perception n’est pas le fruit de votre imagination : la science la confirme.

La ville et son rythme effréné vs le temps long de la nature

Le psychologue Ricardo Correia, de l’université de Turku (Finlande), a découvert qu’être dans la nature pouvait changer la façon dont nous percevons le temps et, peut-être même, nous donner le sentiment que nous en avons beaucoup plus devant nous qu’à l’accoutumée. Le spécialiste évoque longuement ses recherches dans une étude publiée au début du mois dans People and Nature, relayée par la professeure en psychologie Ruth Odgen et Jessica Thompson, doctorante en environnement et bien-être, dans un article sur The Conversation.

Avant de parvenir à ce résultat, Ricardo Correia s’est attaché à comparer des expériences vécues par des personnes incitées à effectuer différents types de tâches tantôt dans des environnements urbains et tantôt dans des milieux naturels. Dans les différents témoignages analysés par le psychologue, il est systématiquement fait allusion à la sensation d’un temps "plus étiré" dans la nature, alors que le rythme de vie sera davantage "effréné" en ville.

L’universitaire a remarqué que les humains étaient enclins à percevoir une promenade à la campagne comme étant plus longue qu’une marche de durée similaire en milieu urbain. Aussi, les personnes qui se sont soumises à cette enquête ont confié avoir la sensation que le temps s’écoulait plus lentement lorsqu’elles pratiquaient des activités dans des environnements naturels plutôt qu’en ville.

Plus de créativité et des capacités cognitives accrues

De précédentes études, évoquées dans l’article de The Conversation, suggéraient déjà qu’être en contact prolongé avec la nature nous aidait à déplacer notre attention du moment présent vers nos besoins futurs. Autrement dit, plutôt que de se focaliser exclusivement sur les tracas du quotidien, la nature nous permettrait de voir la situation dans son ensemble.

Les bénéfices d’une telle expérience ne sont pas négligeables, puisqu’ils contribuent à prioriser les actions à mener pour atteindre les objectifs et les rêves que nous aimerions voir se réaliser sur le long terme, plutôt que d’être maintenu dans un état qui consiste à "survivre en gardant la tête hors de l’eau". En résumé, nous pourrions dire que la nature nous rend moins impulsifs, dans une société où nous sommes parfois en quête de gratification instantanée.

Une étude passée, réalisée par l’université du Kansas et citée dans un article de National Geographic, avait mis en évidence le fait que des jeunes ayant effectué une randonnée de trois jours montraient, au terme de l’expérience, plus de créativité et des capacités cognitives accrues.

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