COMMENT LE CONCEPT NORVéGIEN DU « FRILUFTSLIV » PEUT VOUS AIDER à RESSENTIR LE LIEN ENTRE LA NATURE ET LA SANTé MENTALE

Le « friluftsliv » est le concept nordique qui remonte le moral pour profiter du plein air, surtout en hiver. Découvrez comment ce dernier peut contribuer à votre bonheur, en contemplant aussi bien …

Après le lagom, cet état d'esprit suédois minimaliste, le niksen cette pratique de réduction du stress originaire des Pays-Bas ou encore le coorie l'art de vivre réconfortant écossais, connaissez-vous le friluftsliv (prononcé free-loofts-liv) ? Comme ces autres pratiques, ce mot résume un mode de vie, issu cette fois de la Norvège, et il peut se traduire par « la vie en plein air » ou « la vie passée à l'extérieur ». Cette philosophie repose sur un engagement à célébrer le temps qui passe, dehors, quel que soit son âge, sa condition physique, la saison ou encore les prévisions météo. En effet, nombreuses sont les recherches scientifiques à démontrer que le plein air est bon pour le bien-être mental et physique. Mais plutôt que de se forcer à sortir se promener, d’autant plus à contrecœur lorsque les températures extérieures chutent, pour préserver sa santé mentale, pourquoi ne pas considérer le fait d'être dans la nature davantage comme un style de vie et moins comme une ligne à cocher sur sa « to do liste bien-être » ? Il peut s’agir d’activités aussi variées que le ski et marche, ou aller cueillir des myrtilles, promener son chien, passer l’après-midi dehors dans un hamac ou près d'un lac ….

L’expression friluftsliv a été inventée par le dramaturge Henrik Ibsen dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il désignait ainsi la valeur qu’il accordait au temps passé à l'écart du monde, pour son bien-être spirituel et physique. Mais l’idée de passer du temps dans la nature à des fins purement récréatives fait partie de la culture norvégienne depuis des siècles. Et comme l’explique Andy Meyer, professeur adjoint de Norvégien à l'Université de Washington, dans un article publié par l’organisme, « de nombreux articles le décrivent aujourd'hui comme un concept mais il s'agit en réalité simplement d'être à l'extérieur. À l'instar du battage médiatique autour du hygge il y a quelques années, la mode croissante du friluftsliv est plus simple qu'il n'y paraît : si vous êtes actif à l'extérieur et concentré sur le monde naturel, vous participez au friluftsliv. Cela n'a pas d'importance que vous fassiez de la randonnée, du ski de fond, que vous vous promeniez dans votre quartier ou que vous fassiez du yoga dans votre jardin, tout compte. » Ce terme sous-entend donc une déconnexion du stress quotidien et l’appartenance à un “nous” qui nous relie à la nature

« Le fait d’être actif à l’extérieur profite à la santé mentale en réduisant le stress »

Les Norvégiens, qui vivent dans un environnement naturellement magnifique ont intégré depuis longtemps le friluftsliv dans l'infrastructure du pays. « D'après mon expérience de vie en Norvège, la plupart des grandes villes sont conçues de telle manière qu'il est très facile pour quelqu'un de sortir rapidement dans les bois, en plein air. Le friluftsliv dans le poème d’Henrik Ibsen ne concernait pas nécessairement la santé physique mais la santé mentale, en donnant de l'espace pour respirer pour le corps et les pensées. », ajoute le Pr Andy Meyer. Bien sûr, être actif et bouger son corps, que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur, est sain. Ce qui est plus significatif à propos du friluftsliv, c'est surtout la façon dont il affecte la santé mentale, définie par l’OMS comme un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». D’une part parce qu’il implique une activité physique sous une forme ou une autre et d’autre part parce qu’il permet de répondre à désir de paix et de sérénité.

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Helga Synnevåg Løvoll, professeure de friluftsliv à la Volda University College, a mené plusieurs études sur le vécu émotionnel, spirituel et esthétique ressenti en le pratiquant. Il s’avère que la spécialiste indique que les cinq ingrédients clés du bien-être y trouvent tous leur expression, sans exception :  tisser des liens (en pratiquant des activités de plein air avec les autres), être actif (en faisant de la rando, du vélo, du kayak, etc.), observer (en étant curieux, en remarquant ce qui est beau), en améliorant ses connaissances (apprendre une nouvelle activité ou emprunter un nouveau chemin) et en partageant (en aidant les autres à passer un bon moment à l’extérieur). Le friluftsliv expliquerait peut-être pourquoi la Norvège se classe très souvent parmi les pays les plus heureux du monde, tandis que Bergen et Oslo se situent aussi régulièrement dans le classement des villes les plus heureuses du monde. « Le fait d’être actif à l’extérieur profite considérablement à la santé mentale en réduisant le stress, en améliorant l’humeur et la fonction cognitive. Cela nous rend heureux. », atteste pour sa part Peter Kahn, psychologue au département de psychologie de l'Université de Washington et spécialiste en écopsychologie. 

Comment vivre davantage à la manière du friluftsliv ?

Et pour cause : ses recherches ont également montré que le temps passé avec la nature contribue à donner un sens et un but, augmente les interactions sociales, rend la vie quotidienne plus gérable et peut même contribuer à améliorer le sommeil. Reste à savoir comment vivre davantage à la manière du friluftsliv ou, du moins, comment l’utiliser pour renforcer ce lien entre santé mentale et vie au grand air. En Norvègle, le friluftsliv a donné lieu à une loi, la friluftsloven, qui comprend le droit d’accès à la nature et implique en premier lieu la liberté de circulation sur le terrain d’autrui. Ce qui signifie que le friluftsliv s'applique 365 jours par an. Il n’y a donc pas lieu d’invoquer le mauvais temps comme excuse pour rester à l’intérieur, et ce d’autant que le proverbe classique associé est : « Il n’y a pas de mauvais temps, juste des mauvais vêtements ». La première recommandation n’est autre que de voir les avantages de chaque saison, en hiver tout comme ceux de l’été, du printemps et de l’automne. Il s’agit ensuite de comprendre par ailleurs que les grandes expériences de la nature n’ont pas besoin d’être extrêmes.

Autrement dit, les personnes qui ont le temps et les ressources nécessaires pour faire de longues randonnées chaque week-end sont invitées à continuer. Mais pour celles pour qui ce n’est pas le cas, rien ne sert de culpabiliser, le plus important étant de sortir et de bouger est ce qui compte, et un peu de temps dehors vaut mieux que rien : le propre du friluftsliv est d’apprendre à ralentir, il n’y a pas besoin d'être aussi ambitieux quant à la distance et la rapidité de ses déplacements. Seulement quelques minutes passées en extérieur peut suffire à se sentir apaisé et en contact avec la nature. Et même à éprouver un sentiment d'accomplissement lorsque l’activité extérieure se termine ou encore de la joie devant de beaux paysages. « Une heure à l'extérieur peut offrir un soulagement du stress et des avantages cognitifs plus substantiels que 30 minutes, même si même de courtes durées sont bénéfiques. Donc, oui, si possible, recherchez des expériences plus profondes et plus longues dans la nature, mais ne laissez pas cette aspiration vous empêcher d'être dehors tous les jours, même pendant 20 minutes, même pendant cinq minutes. », fait ainsi remarquer Peter Kahn.

Même en effectuant simplement une promenade autour d’un pâté de maisons, ce qui compte le plus repose sur la façon d’interagir avec cet espace : en rangeant son téléphone dans sa poche et en engageant ses sens pour contempler son environnement, en se donnant l'occasion de remarquer des éléments inédits dans ce décor. Car selon Andy Meyer, « même dans les quartiers les moins pittoresques, il y a un lézard intéressant ou une plante qui pousse entre les fissures du trottoir. La nature existe dans des endroits que nous ne considérons pas comme naturels. » Et en cas de conditions météorologiques peu souhaitables, il peut être utile d'être curieux de l'expérience plutôt que de la juger comme une chose négative et de supposer que vous ne passerez pas un bon moment. « Ce sera un peu inconfortable, quel que soit l'équipement que vous possédez, jusqu'à ce que vous vous y habituiez. Si j'ai vraiment froid, je me dis que c'est exactement ce que ça fait d'avoir froid. », conclut l’expert. Vous pouvez toujours revenir si vous n'en avez tout simplement pas envie, mais vous remarquerez peut-être qu'une fois dehors, vous vous amusez après tout.

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