TOURISME INDUSTRIEL : 7 ENTREPRISES OUVERTES AU PUBLIC POUR DéCOUVRIR LE PATRIMOINE FRANçAIS

De la culture minière à l’aéronautique de pointe, grandes et petites entreprises s’ouvrent au public pour faire découvrir un riche patrimoine.

Le tourisme industriel a le vent en poupe ! Aujourd’hui, en France, près de 5 000 entreprises ouvrent leurs portes au public, dont 3 000 de façon régulière. Selon l’association Entreprise et découverte, ces sites ont reçu plus de 20 millions de visiteurs en 2022, soit une augmentation de 40 % depuis 2019. Intérêt pour un patrimoine source de fierté, curiosité pour les métiers de pointe qui font la réputation de notre pays… La soif de découverte ne se dément pas. Dans quelles conditions les mineurs extrayaient-ils le charbon ? Comment une centrale hydroélectrique ou un parc éolien maritime fonctionnent-ils ? Où les paquebots sont-ils fabriqués ? Et les avions ? De quelle façon produit-on le sel, le parfum, le cristal ? Cet engouement incite les sociétés à équiper leur usine ou leur atelier d’un circuit de visite qui ne soit pas uniquement muséographique. La grande majorité sont des PME, mais de plus en plus de grands groupes songent désormais à accueillir le public. Stellantis et Danone ont sauté le pas, Bonduelle et Boursin s’y préparent. Toutes les filières ou presque sont concernées : agroalimentaire, textile, transport, énergie… Non sans un intérêt bien ciblé : susciter l’attractivité du métier auprès des jeunes, faire évoluer les représentations souvent négatives de l’industrie, promouvoir le made in France et, bien sûr… doper les ventes.

L'usine Airbus de Toulouse, en Haute-Garonne

Après avoir sillonné les 700 hectares de cette fourmilière où s’affairent chaque jour près de 20 000 personnes, les visiteurs pénètrent dans l’immense bâtiment abritant la chaîne d’assemblage de l’A350 XWB. Depuis une coursive en balcon, la vue est imprenable sur cet avion de ligne long-courrier de 70 mètres de long et presque autant d’envergure, propulsé par deux énormes réacteurs Rolls-Royce. Selon l’avancement de l’assemblage, on peut découvrir l’intérieur du fuselage, la soute, la cabine de pilotage… En outre, le guide commente en direct les travaux en cours et explique le fonctionnement de l’appareil. Passionnant ! Réservation obligatoire.

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L'usine Airbus de Toulouse, en Haute-Garonne. Balint Porneczi/Bloomberg via Getty Images

Le haut-fourneau U4 d’Uckange, en Moselle

Symbole du patrimoine industriel de la vallée de la Fensch, le haut-fourneau U4 est le dernier des six sites de l’usine d’Uckange. Une association anime la visite de ce monstre de fer éteint en 1991. Ses guides bénévoles, pour la plupart d’anciens sidérurgistes, racontent le bruit, la chaleur émanant du creuset à 1 500 °C… La réalité augmentée permet d’accéder virtuellement en haut du gueulard (une ouverture au sommet du haut-fourneau). Les samedis d’été, une visite nocturne propose une mise en lumière artistique du site, dont le rougeoiement évoque le halo lumineux qui émanait du creuset en fusion.

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Le haut-fourneau U4 d’Uckange, en Moselle. Zairon/Wikimedia Commons

La centrale hydroélectrique André-Blondel, dans le Vaucluse

Posée sur le canal de dérivation du Rhône, à Bollène, cette centrale se distingue d’abord par sa façade Art déco. Inaugurée en 1952, elle était alors la centrale la plus productive d’Europe ! Entre 2008 et 2011, la Compagnie nationale du Rhône a installé deux parcs photovoltaïques et trois éoliennes. Depuis 2019, un circuit invite à découvrir comment tout cela fonctionne. La partie extérieure mène au bord de l’écluse ; le parcours intérieur traverse une galerie consacrée à la production d’électricité "verte" et passe par l’ancienne salle des commandes avant de surplomber la salle des machines où sont installées les six turbines. On ne les voit pas, mais l’une d’elles est exposée à l’extérieur, ce qui permet d’apprécier leur taille colossale.

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La centrale hydroélectrique André-Blondel, dans le Vaucluse. Iguanebobo/Wikimedia Commons

Les Salines de Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques

C’est en utilisant l’eau d’une source souterraine salée que cette entreprise produit un sel gemme d’une grande pureté. Un espace muséographique détaille le processus de fabrication et, trois fois par semaine durant l’été, une visite guidée permet de pénétrer sur le site de production et d’assister à la récolte. L’eau passe par deux bassins de décantation puis est chauffée à 83 °C par des thermo-plongeurs électriques. Après une semaine, le gros sel et la fleur de sel sont récoltés. La visite se prolonge par un silo dans lequel des montagnes de sel attendent deux mois avant d’être conditionnées. Ce sel est le seul autorisé pour le jambon de Bayonne IGP !

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Les Salines de Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Office de tourisme du Béarn des Gaves/Wikimedia Commons

Les Chantiers de l’Atlantique, en Loire-Atlantique

Au bord de la Loire, à Saint-Nazaire, ce site est à l’image des navires qui en sortent : marqué du sceau du gigantisme (plus de 100 hectares). À bord d’un autocar, les visiteurs découvrent les étapes de fabrication d’un bateau, depuis la réception des tôles jusqu’à la livraison de l’embarcation. Devant la ligne de production de soudure, en descendant du bus, on est saisi par le bruit des marteaux, les gerbes d’étincelles, l’odeur de fer brûlé… Puis on se tient au bord de la grande cale, devant un paquebot en construction. Autour de ce géant, qui peut dépasser 300 mètres de long, deux portiques rouges déplacent des modules grands comme des immeubles. Réservation obligatoire.

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Le palace flottant "MSC Preziosa". Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire. Loïc LLH/Wikimedia Commons

Le parc éolien en mer de Fécamp, en Seine-Maritime

Mis en service cette année, ce parc éolien marin est le premier en Normandie et le troisième en construction sur le territoire. Quatre années de chantier, 2 milliards d’euros de budget : les chiffres impressionnants sont à l’image de ce complexe d’une puissance de 500 mégawatts, soit 60 % des besoins en électricité de la Seine-Maritime. À bord d’un Zodiac, il est possible de se rapprocher de l’installation. Même à 500 mètres – la distance de sécurité –, ces mats de 100 mètres de haut et leurs pales de 75 mètres sont très imposants ! On ressent physiquement la force générée par le vent à travers les gros "vouch" émis par le brassage de l’air. Le capitaine n’élude pas les questions concernant la pêche, le risque de mortalité des oiseaux de mer ni le démantèlement du site, prévu dans vingt-cinq ans. Une visite dans le vent… du progrès !

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Le parc éolien en mer de Fécamp, en Seine-Maritime. Lhermet Photographie & Lhermet Photographie Jr/Wikimedia Commons

Le Centre historique minier de Lewarde, dans le Nord

Si la dernière mine du Nord a été fermée en 1990, la mémoire de cette culture ouvrière fait toujours la fierté de la région. Le parcours du Centre historique minier de Lewarde fait revivre ces métiers durs et âpres qui ont pris leur lot de vies humaines mais aussi permis au pays de produire son énergie. La galerie souterraine reconstituée montre l’évolution des techniques de l’extraction au travers des siècles. On découvre également l’impressionnante salle des "pendus", où les mineurs accrochaient leurs vêtements avant de descendre sous terre, le bureau de l’ingénieur ou l’intérieur d’une maison ouvrière. Le Centre propose enfin de rencontrer un ancien mineur, qui vous racontera tous les aspects de son métier (sur réservation uniquement).

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Le Centre historique minier de Lewarde, dans le Nord. Jérémy Jännick/Wikimedia Commons

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