RèGLES, BAIGNADE ET NATATION : CES IDéES REçUES AUXQUELLES IL NE FAUT PLUS CROIRE

Si la parole autour des règles se libère ces dernières années, ce phénomène totalement physiologique continue de subir malgré tout son lot de croyances populaires. La honte ancestrale liée au tabou sur le sang menstruel y a fortement contribué. En période estivale, nombreuses sont les femmes menstruées qui hésitent à s'offrir un bain de mer ou d’eau douce. Entre interdits et bons réflexes à adopter, on démêle le vrai du faux.

Une vidéo d'hommes ignorant tout des règles des femmes devient virale pendant les midterms

Se baigner pendant les règles expose davantage aux infections

Faux. Que les nageuses se rassurent, la pratique de la natation, qu'elle soit faite dans une eau salée ou chlorée, est sans danger. «Il n'existe pas de risque infectieux urogynécologique, rassure Carole Maître, gynécologue médical à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep). Dans la mer, le brassage de l'eau, grâce au courant, est tel que cela limite sensiblement toute contamination. Seule une pollution bactériologique exceptionnelle, comme cela a été le cas vers Caen cet été à cause d'un débordement des eaux usées, peut pousser les autorités sanitaires à interdire la baignade à tous, que l'on ait ses règles ou non». En piscine, la présence de chlore a un effet antibactérien et limite donc la propagation des micro-organismes.

» LIRE AUSSI - Les erreurs d’hygiène que l’on commet (tous) à la plage

L'eau stoppe l'écoulement du sang

Faux. Aussi magique que cela puisse paraître, la pression de l'eau ne coupe pas le flux menstruel. Si certaines femmes ont l'impression que ce flux s'intensifie en sortie de bain, ce phénomène serait tout simplement lié à la gravité. «L'écoulement du sang peut ralentir légèrement si on s'allonge longtemps dans l'eau pour nager, explique le Dr Carole Maître. En réalité, seule une eau plutôt froide à moins de 14°C pourrait éventuellement entraîner une vasoconstriction. Autrement dit, les vaisseaux sanguins et capillaires se resserrent au contact du froid. Mais cela reste un phénomène rare, sans compter que la température de l'eau sur nos côtes françaises est plutôt tempérée en période estivale.»

Toutefois, si une sensation de fuite menstruelle importante (ou d'eau) venait apparaître en sortant de l'eau et se répéter, cela peut être un indicateur d'un manque de tonicité du périnée, mal sollicité pendant les mouvements de nage. Dans ce cas, la gynécologue invite à consulter un professionnel de santé spécialisé (médecin, kinésithérapeute ou sage-femme) afin d'effectuer un bilan périnéal et de bénéficier d'une rééducation adaptée.

» LIRE AUSSI - Sport : les exercices qui abîment le périnée et exposent aux fuites urinaires

L’eau froide soulage les douleurs menstruelles

Faux. Bien au contraire, le froid n'est visiblement pas un ami des règles. «Il peut augmenter le seuil de sensibilité à la douleur car généralement, lorsque la température de l’eau est trop froide, les muscles se crispent à son contact, comme la gynécologue Carole Maître. Dans des eaux tempérées à chaudes, c'est l'inverse : la chaleur favorise la détente musculaire et donc peut rendre les règles moins pénibles à supporter». Au-delà de la température de l'eau, l'activité physique modérée, comme la nage, aura plus d'effets antidouleurs sur nos crampes menstruelles. «Au bout d'une demi-heure, la douleur disparaît grâce à la sécrétion d'endorphines, les hormones du bonheur», précise la spécialiste.

Les règles influent sur la performance sportive

Vrai et faux. Troubles du sommeil, ballonnements, maux de tête... Les règles s'accompagnent souvent d'autres désagréments qui peuvent impacter la pratique sportive. Ces symptômes sont liés à la chute hormonale de la progestérone et des œstrogènes et peuvent impacter, selon leur manifestation, la forme physique. «On peut être plus fatiguée, notamment lors d’un effort d'endurance», indique le Dr Carole Maître. Mais si on souhaite s’entraîner, on peut conserver sa performance, assure la professionnelle de santé de l'Insep, à condition de se fixer des séances de natation régulières et modérées. En clair, on s’adapte : au lieu de doubler son objectif de longueurs, on ira stabiliser plutôt ses acquis sportifs, travailler la technicité des mouvements, par exemple en améliorant son crawl, ou bien, on peut fractionner ses longueurs.

La nageuse chinoise Fu Yuanhui a brisé le tabou des règles pendant les compétitions à Rio

En cas de règles abondantes, la gynécologue invite à la prudence. «Ce type de règles doit faire l'objet d'une préoccupation médicale car il peut entraîner un risque d'anémie, soit une carence en fer entraînant fatigue et essoufflement. De surcroît, cette perte de fluide importante s'accompagne d'une déshydratation et favorise ainsi les crampes musculaires», prévient Carole Maître. En conséquence, la nage au large n'est pas recommandée, mieux vaut faire son crawl en parallèle à la plage ou accompagnée.

» LIRE AUSSI - Règles abondantes : ce qu'elles peuvent cacher

Le tampon est la protection hygiénique la plus adaptée à la nage

Faux. Une coupe menstruelle, ou «cup», serait tout aussi efficace, confirme la gynécologue. Fabriquée en silicone, flexible, celle-ci se place à l'intérieur du vagin pour bloquer comme un tampon l'écoulement des règles. Il existe différentes tailles de coupes menstruelles pour mieux s'adapter à l'anatomie de chacune.

Autre alternative, tout aussi écologique et plus pratique, le maillot de bain menstruel fonctionne sur le même principe que les culottes : plusieurs couches de tissus accueillent et absorbent le sang. Le tout est garanti sans odeur, sans sensation d'humidité et surtout sans «effet couche» ; le tissu ne se gorge pas d'eau et ne gonfle pas à son contact. En revanche, la capacité d'absorption de la plupart des maillots étant de 1 à 2 tampons, mieux vaut avoir un flux léger ou recourir au maillot menstruel en début ou fin de règles. «Leur prix d'achat (entre 30 et 60 euros en moyenne) me semble encore un peu prohibitif», juge le Dr Carole Maître.

Le tampon ou la cup doit être changé systématiquement après chaque bain.

Vrai. «La cordelette du tampon, imbibée d'eau salée ou chlorée, peut potentiellement irriter les muqueuses, c'est une question de sensibilité individuelle», concède la gynécologue. Dans tous les cas, que l'on porte un tampon ou une cup, la protection hygiénique doit être changée toutes les 4 à 6 heures afin d'éviter le syndrome du choc toxique, cette maladie rare liée à une infection du staphylocoque doré.

«L'idéal serait d'aller se rincer à l'eau claire, dans une douche de plage, de bien se sécher les parties intimes, puis de changer de protection hygiénique, en s'étant préalablement lavé les mains. Mais malheureusement, les installations aux abords des plages ne le permettent pas toujours», déplore la gynécologue. Ce réflexe d'hygiène vaut lui aussi pour les femmes sujettes aux mycoses vaginales. «Le contact prolongé d'un maillot humide peut favoriser leur survenue donc on se sèche bien en sortie de bain ou l'on change de maillot», propose Carole Maître.

2023-08-11T14:58:47Z dg43tfdfdgfd